MON EXPerience Indienne

Avec des membres de ma famille indienne, Bodhgaya
--1er voyage en Inde de Béa--

C’est à l’âge de 20 ans, avec un Visa de 6 mois en poche, que j’ai effectué mon premier voyage en Inde. Ce pays m’inspirait, je ressentais le besoin viscéral d’y aller.  

 

C’est à Varanasi, au début de mon voyage, dans ce lieu unique où la spiritualité à la capacité de prendre corps dans la matière, que l’Inde m'a montré une réalité qui me semblait impossible. En arrivant sur les hautes marches de la gate principale, je suis retombée 10 ans en arrière, dans un rêve récurent que je faisais enfant. Tout y était, tout s’éclairait, tout devenait ouverture formidable sur les mystères de l’existence. 

 

Je ne sais combien d’heures je suis restée là, assise, à observer la vie du haut de ces marches. Tout avait une saveur sublime, exquise. Les scènes connues de mes rêves se mélangeaient à d’autres scènes que je découvrais.  Oh rien d’exceptionnel : un chien qui passe, une fille qui court, un groupe d’amis qui entrent dans le Gange, la carcasse d’un sanglier flottant au large… tout était sensation, vibration, profondeur...indescriptible. 

 

Bienvenue dans l’expérience made in India, bienvenue au cœur du Sâmkhyà. J’ai passé 15 jours à Varanasi, dans l’impossibilité de pouvoir l’a quitter. Je laissais cette ville, amie de toujours, intime et unique, graver en moi ce qu'elle jugeait bon de m'offrir. Ce moment dans ma vie fût hors du temps, surprenant et extrêmement fondateur. 

 

Puis, ce sont des touristes français qui m’ont, lors d’une discussion informelle, mis sur la piste de BodhGaya. C’était (disaient-ils), une petite ville calme et un lieu sacré du Bouddhisme. 

Je ne connaissais rien du Bouddhisme mais je fus, là encore, attirée (pour ne pas dire aspirée) par l'idée de réaliser ce voyage ! Et, le soir même, je montais dans un train pour Gaya.  Et c’est sur le toit d’un bus que je fis les derniers kilomètres jusqu'à BodhGaya.

Je pensais y rester seulement quelques jours... 5 mois après, j’y étais toujours.

C'est ici que l'Inde a confirmé que ma quête personnelle (vivre l'unité, être libre) n'avait rien de fou ou d'exceptionnel. En France, j'étais une utopiste idéaliste. Ici, j'étais juste une chercheuse de vérité parmi des milliers d'autres. Se sentir "normale" fut très réconfortant ! 

 

Et puis, après plus de 5 mois sur une terre dans laquelle j'étais parfaitement à ma place, l'échéance du retour en France s'est fait entendre.

Clairement, je ne voulais pas rentrer. Je me sentais totalement écartelée entre l'envie de rester et l'obligation de partir. En devenant nonne Bouddhiste, je pouvais rester... mais nonne, était-ce vraiment ce que je voulais? 

C'est un ami Bouddhiste qui a su trouver les mots pour me rassembler. Après m'avoir longuement écouté, il m'a  simplement raconté une histoire. Elle disait en substance que c'est parfois en choisissant les chemins qui nous semblent les plus compliqués que nous apprenons le mieux à nous réaliser. 

Mon seul but était d'arriver à l'unité et, pour ça, j'étais prête à tout affronter.

 

En Inde, tout était fluide et simple. En France, tout était lutte et combat. Je suis donc rentrée au cœur de mes racines troubles et de mes guerres, prête et armée pour vivre, coûte que coûte, mon rêve de réalisation. 

 

Je ne fus pas déçu du voyage : la traversée fut rude... mais la terre n'a cessé de me porter, le feu de m'animer et l'eau de me laver. L’Inde était là, dans toutes mes façons de vivre et de penser. Ce voyage s’était inscrit dans chacune de me cellules. Il m’a fallu 10 ans pour que ma vie se pose enfin dans un équilibre solide et calme. 

Au début, ça me perturbait : allons donc, mais où sont passé les pavés et les galères ? Donnez-moi encore de quoi combattre, de quoi me faire tomber pour que je puisse encore apprendre à me relever ! 

 

Mais s'en était terminé.  Sans même m'en rendre compte, j'avais traversé le miroir de mes rages et de mes colères. La vie m’invitait maintenant à poursuivre mon évolution tranquillement, sans violence, en toute confiance. 

 

Il me reste encore du chemin et c’est tant mieux ! J’ai appris que le but ne s’atteint pas, il arrive. Il est la conséquence de la vie, de l’expérience, de la prise de conscience de chaque instant. Avant je visais le but, maintenant je vise le moment présent. 

 

Quand je suis enfin retournée physiquement en Inde (plus de 20 ans après mon premier voyage) ma joie était immense.  Les semaines et les jours avant mon départ furent émotionnellement forts.  Mais, dès lors que mes pieds se sont posés sur le sol indien, un sentiment de calme et de banalité m'a instantanément envahis. Comme si c'était parfaitement normal que je sois là. Comme si, au final, je n'étais jamais réellement partie. Réembrasser Varanasi fut bon, tellement bon. Et se retrouver avec mes amis de BodhGaya fut exceptionnel. 

 

Aujourd’hui, j’aime ma place en France. J’aime à vous faire des massages indiens, à enseigner l’Ayurvéda, à partager l’héritage que l’Inde m’a montré. 

 

Chaque nouveau voyage en Inde est un cadeau pour moi. Merci la vie !